Fribourg, vu de l’extérieur

Je vous propose une analyse vue de l’extérieur sur la situation actuelle du Fribourg-Gottéron.

Sportif
Au niveau sportif, ce début de saison est catastrophique. Le championnat se resserre chaque année et les places dans le top-8 sont très difficiles d’accès. Durant les saisons dernières Bern, Zug, Zurich, Lugano, Kloten et le gshc ont également connu cette misère. Ce n’est jamais agréable pour les supporters, joueurs et dirigeants de vivre ce moment, mais il est nécessaire de relativiser cette frustration en se souvenant que cela est arrivé à d’autres clubs récemment et non des moindres.

Parmi les multitudes causes possibles dans le domaine sportif, j’en cite une qui n’a pas été abordée, les nouvelles règles (agrandissement de la zone défense, hors-jeu hybride) qui sont en vigueur depuis cette saison. Ces règles ont été appelées « les règles GSHC » car elles semblaient parfaitement convenir au système et aux joueurs genevois qui sont à l’opposé de ce que l’on peut voir à Fribourg.

Hans Kossmann
La première cible naturelle a été Kossmann; l’entraîneur-directeur sportif a été libéré de ces fonctions le 12 octobre 2014 après seulement 11 matchs de championnat avec 8 points au compteur. Les quatre matchs qui ont suivis sa libération ont été perdus. Son contrat avait été renouvelé le 2 septembre 2014 jusqu’au terme de la saison 2015/2016; c’est une spécialité fribourgeoise de renouveler ses entraîneurs pour les libérer ensuite dans un délai très court. Kossmann a été l’entraîneur en fonction qui a obtenu le plus grande nombre de point en championnat suisse ! Cette libération apparaît alors comme une solution de facilité prise dans la précipitation. Les décideurs n’ont pas fait une analyse précise pour chercher les vrais raisons de ce début de championnat raté. Il a été évoqué que Kossmann n’arrivait plus rien à obtenir de ces joueurs, que le dialogue dans le vestiaire était rompu et que la seule solution était de s’en débarrasser. Il est normal que des tensions vives apparaissent lors de difficultés, toutes les équipes, joueurs et entraîneurs ont des cycles. Quand on est au plus bas, il faut travailler dur et fort pour s’en sortir. Les grandes équipes se construisent aussi dans les moments difficiles; de libérer l’entraîneur après 11 journées de championnat plutôt que de mettre une pression forte sur les joueurs et les entraîneurs est une gestion amateur dans l’esprit du FC Sion avec les résultats que l’on connaît.

Joueurs
Aujourd’hui, la cible se tourne en direction des joueurs. Ils ont obtenu le licenciement de leur entraîneur en échappant ainsi à leur responsabilité dans la situation sportive du club. Vu de Genève, les joueurs fribourgeois semble être des enfants gâtés qui depuis le début de cette saison ont obtenu la libération d’un entraîneur jugé comme exigeant, ne prennent pas au sérieux des compétitions telles que la Coupe Suisse ou la CHL (dont Fribourg est en partie propriétaire), se permettent de boycotter un journaliste (article de la Liberté du mois de septembre), etc. Toutefois, je précise que la décision de libération n’a pas été prise par eux. D’ailleurs, on ne sait pas vraiment qui a pris cette décision de libérer Kossmann de toutes les responsabilités sportives : l’ex-président Phillot, Berger, le Conseil d’administration, les propriétaires ou tous ensemble ?

Cette libération pourrait être acceptable si Kossmann aurait été le seul et unique responsable de la situation. Les résultats obtenus depuis le 12 octobre démontre bien que ce n’est pas l’entraîneur Kossmann qui était l’unique responsable et les joueurs sont maintenant sous une forte pression . Kossmann a sa part de responsabilité comme le directeur-sportif Kossmann. Toutefois, cette libération qui n’a eu aucun effet à court terme à mis le club dans une situation difficile pour les finances et pour la construction d’une équipe sur le moyen et long terme.

Organisation
Toujours vu de l’extérieur, l’organisation de Fribourg n’est pas facile à comprendre. Toute la responsabilité sportive est donnée à un entraîneur qui n’a aucune expérience à ce poste à ce niveau-là. Le directeur commercial et administratif qui selon ma compréhension ne devrait avoir aucune responsabilité sportive est un ancien joueur professionnel. Le président n’est pas le propriétaire majoritaire du club. Les propriétaires du club sont des entreprises semi-publiques, ce qui me semble être une situation unique (peut-être avec Davos ?) dans le sport professionnelle en Suisse et à l’étranger. Est-ce vraiment le rôle de l’Etat de financer un club sportif professionnel ?

La gestion du gshc par McSorley est critiquée depuis des années alors qu’à ma connaissance cette situation particulière fribourgeoise n’a jamais été traitée. Je comprend que l’arrivée des entreprises semi-publiques a coïncidé à le mauvaise gestion des précédents propriétaires afin de sauver le club.

A l’image de ces propriétaires, le club a été construit autour d’un groupe de joueurs de qualité sur le long terme issu de la région (Sprunger, Bykov, etc) entouré de joueurs expérimentés, mais en fin de carrière; soit dans un esprit à mes yeux bien fonctionnaire. Une sorte d’anti-thèse de la méthode appliquée à Genève.

Dirigeant et propriétaire
En libérant de ces fonctions l’entraîneur-directeur-sportif, les dirigeants fribourgeois démontrent un amateurisme inquiétant sans aucune vision à moyen et long terme pour le club. Il est évident qu’en l’absence de compétences sportives au sein des dirigeants, une séparation des fonctions est absolument nécessaire et ainsi l’engagement non seulement d’un entraîneur mais également d’un directeur sportif. La difficulté étant de trouver la bonne personne pour ce poste essentiel dans la gestion d’un club professionnel.

Le Lausanne Hockey Club avec Jan Alston et Ehlers dans des rôles précis et soutenus par leurs dirigeants semblent avoir une gestion bien plus professionnelle et adaptée au niveau du hockey suisse d’aujourd’hui. (Oui, je sais, ça fait mal)

En outre, les dirigeants après avoir pris la décision de libérer l’entraîneur-directeur-sportif sous contrat jusqu’à 2016 communiquent que les finances du club ne permettent plus aucune nouvelle dépense, super et bravo ! Auront-ils la clairvoyance d’investir dans ce poste afin d’éviter une catastrophe future bien plus onéreuse pour tout le monde que cette dépense ?

Conclusion
Le but de cette analyse n’est une attaque en règle contre les fribourgeois mais une tentative de mettre le doigt sur les points faibles de ce club.
Fribourg est l’équipe romande avec la plus grande expérience en LNA avec un public fidèle. Les dirigeants doivent maintenant prendre des décisions primordiales pour le futur du club à moyen et à long terme. Les priorités sont la nomination d’un président ayant toute la confiance des propriétaires et une grande liberté d’action ainsi que l’engagement d’un directeur-sportif (dans l’idéal le directeur sportif devrait être engagé par le nouveau président) Ces deux personnes seront les garants d’une vision à moyen et terme du club.

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