Article de la TDG – L’état écarte les Canadiens de la future patinoire

Le mégaprojet des investisseurs privés ne convainc pas les autorités. Financement privé, public ou mixte? Tout est remis à plat. 

Par Christian Bernet

Après la victoire, une bonne douche froide. C’est le régime pour les hockeyeurs genevois. Lundi soir, après avoir battu les Lions de Zurich, ils ont gagné leur ticket pour les play-off. Mais désormais ils doivent savoir que leur futur se dessine, encore et toujours, dans l’ancienne patinoire des Vernets, et cela pour plusieurs années.

En charge des sports, le conseiller d’État Thierry Apothéloz a décidé d’écarter le projet élaboré par deux Canadiens et des investisseurs européens pour construire une patinoire sur le site du Trèfle-Blanc, à Lancy. Une double patinoire, intégrée dans un complexe de plus de 300 millions de francs, comprenant bureaux, hôtel, clinique pour le sport, commerces et spectacles.

Projet problématique

Cette mise à l’écart n’est pas une surprise tant il semblait que ce projet s’était enlisé. C’est donc dans «une démarche d’honnêteté» que le magistrat a voulu «clarifier la situation».

«Nous avons mené notre analyse et ce projet nous paraît compliqué à plus d’un titre», résume le magistrat. Il estime que la patinoire serait «reléguée au second plan» dans une opération où prévaut le rendement financier. «Or, si l’État dédie ses terrains au sport, il faut qu’il en soit une priorité.» Il craint aussi que les événements qui y sont prévus créent des conflits d’usage au détriment du hockey.

Voilà donc la perspective d’une nouvelle infrastructure reportée aux calendes grecques. Mais cette douche froide devrait être salutaire, estime le magistrat. «Le club mérite notre soutien, je veux relancer un projet qui tient la route», assure Thierry Apothéloz, qui a recréé un comité de pilotage incluant quatre départements et des représentants de la Ville et de Lancy. «Nous examinerons les variantes possibles avant de nous déterminer cet été sur un modèle de financement.»

L’équation est simple. Il s’agit de trouver de l’argent pour construire, mais surtout pour assurer l’entretien des lieux au fil des ans. Or, les frais d’exploitation ne peuvent pas reposer uniquement sur le club. Soit l’État les assume, soit ils sont financés par les revenus des bureaux ou des commerces construits autour du projet.

Thierry Apothéloz se dit ouvert à toutes les options. Un projet 100% public, 100% privé ou une opération mixte. Cette question sera tranchée d’ici à cet été, sachant qu’un investisseur genevois s’est mis sur les rangs. Pour donner un ordre de grandeur, la nouvelle patinoire de Bienne a coûté 46 millions, celle de Zoug 58 et celle de Lausanne, plus grande avec 9600 places, 100 millions.

Le Genevois Christophe Lamps, qui a piloté les discussions entre les autorités, les investisseurs écartés et le club, se dit «plutôt étonné de cette nouvelle. Le groupe d’investisseurs n’a encore eu aucune indication dans ce sens.» Il poursuit: «L’important est qu’un projet se réalise. Celui présenté a le mérite d’exister, d’être réaliste et de ne rien coûter à la collectivité. Et je pense qu’il devrait être jugé sur sa valeur, et non pas sur les personnes qui l’ont lancé.» Il rappelle que les deux Canadiens à l’origine du projet (MM. Gall et Gillis), en délicatesse avec le club de hockey, ne sont plus guère partie prenante.

«En revanche, les investisseurs européens et canadiens sont toujours là et sont disposés à intégrer des partenaires genevois dans le projet, avec qui des discussions étaient en cours.» Il rappelle que le groupe d’investisseurs avait été audité par une firme privée pour évaluer autant sa capacité financière que sa réputation, et que «tous les voyants étaient au vert».

Du concret, et vite

«Nous n’avons plus de nouvelles des Canadiens depuis l’été 2018, relève pour sa part Laurent Strawson, nouveau président du GSHC. Ces gens n’avaient pas les moyens de leurs ambitions et nous avons perdu beaucoup de temps. Nous ne sommes que de futurs locataires dans cette affaire, mais je me réjouis de voir que les autorités ont fait de la nouvelle patinoire une de leurs priorités. Il nous faut maintenant du concret, pas des promesses.»

Responsable des sports en Ville, Sami Kanaan prend acte. «Cela signifie que nous allons héberger encore longtemps le club et qu’il faudra réaliser à terme de nouveaux travaux. Nous espérons que la Ville ne sera pas seule à les financer.»

(TDG)

Créé: 06.03.2019, 07h24

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