
Le 8 janvier 2020, le juge unique a infligé une sanction de 2 matchs de suspension pour une charge tardive de Victor Stahlberg sur Huguenin:
Le joueur du Fribourg-Gottéron ne décolle pas ces patins, il charge le corps sans atteindre directement la tête, techniquement une charge correcte en open-ice. Toutefois, elle est tardive et intervient environ 2 seconde après que Huguenin ait lâché le puck (règle 153 IIHF). Compte tenu de ces éléments, la sanction semble juste et proportionnée.
Le 10 décembre 2019, le juge unique a infligé une sanction de 3 matchs de suspension pour une charge de Maxim Noreau à la tête de Jörg :
Cette charge est très similaire à celle de Stahlberg. Noreau charge Jörg 2 seconde après que le joueur luganais ait lâché son puck. Toutefois, Noreau décolle ses 2 patins avant l’impact, sa charge atteint directement la tête de Jörg. Le juge unique et le PSO classe la faute comme une charge contre la tête (règle 124 IIHF).
A mes yeux, le geste de Noreau est particulièrement dangereux et grave. Toutefois, le juge et le PSO ont classé ces deux fautes dans la même catégorie (2) et ont donné uniquement un match supplémentaire à Noreau. En tant que fan de hockey, il me semble évident que le geste de Noreau mérite bien plus qu’un match supplémentaire si on le compare au geste de Stahlberg.
Le7 janvier 2020, le juge unique a infligé une sanction de 3 matchs de suspension pour une charge de Oejdemark à la tête de Kunzle :
La charge de Oejdemark intervient après le coup de sifflet de l’arbitre et 1 à 2 seconde après que Kunzle ait tenté de mettre le puck au fond du but. Le cross-check est clairement contre la tête et le cou. Le PSO recommande une catégorie 1 pour cette charge (règle 124 IIHF). Le juge estime lui, que du fait que le coup ait été donné après le coup de sifflet, et que plus, élément aggravant, le joueur du LHC ait mis des coups alors que son adversaire était à terre, il n’a pas à suivre la recommandation du PSO et qualifie la faute en catégorie 2 en infligeant une sanction de 3 matchs de suspension.
Le 6 janvier 2020, le juge unique a infligé une sanction de 1 match de suspension pour une charge de Schlumpf à la tête de Baltisberger :
Cette action est similaire au cross-check de Oejdemark. La puissance du geste semble identique et le contact atteint directement la tête ou le cou. La différence réside dans le fait que le joueur zurichois ne soit pas en possession du puck et n’ait fait aucun geste (ce qui est à mon avis un point aggravant à l’encontre de Schlumpf). Le PSO recommande une catégorie 1 pour cette charge (règle 124 IIHF) la même recommandation qu’il a faite pour Oejdemark. Le juge unique suit les recommandations du juge unique.
Pour la comparaison de ces charges, vous trouverez un échange entre Gregory Beaud et Olivier Droz sur ce lien twitter https://twitter.com/olidroz/status/1214824178152607744?s=21
NLIce Date – Disciplinary a publié cette statistique intéressante sur la comparaison des recommandations du PSO et des sanctions décidées par le juge unique entre 2017 et 2020 :

On peut constater que durant les deux dernières saisons, le juge unique a suivi les recommandations du PSO dans près de 80% des cas.
Durant l’été 2019, le PSO principal (Auger) et le juge unique principal (Krueger) ont quitté ou perdu leur poste. La ligue n’a jamais communiqué sur les raisons de ces départs.
Ces changements de personnes peuvent expliquer les différences importantes dans les cas où le juge est moins sévère que le PSO et l’inverse.
Le seul et unique cas où le juge a été moins sévère concerne la sanction contre Douay. Sur la base de la vidéo, le PSO recommandait une catégorie 2 pour charge contre la tête. Le club avait fourni au juge la preuve que Kunzle (la victime) avait confirmé à Douay que la charge ne l’avait pas atteint directement à la tête. Avec ces éléments et avec un jugement bancal, le juge n’a pas suivi le PSO et sanctionné avec une catégorie 1.
Les 6 cas où le juge a été plus sévère concerne 3 joueurs du LHC, 1 joueur de Biel, un joueur de Rapperswil et un joueur de GSHC.
Avec cette même statistique, j’ai constaté que toutes les enquêtes ouvertes à l’encontre d’Arcobello ont été recatégorisées moins sévèrement par le juge unique.
En 2019/2020, aucun club puissant (SCB, ZSC, EVZ, HCD, HCL) n’a vu ses sanctions jugées plus sévèrement par le juge, alors que 66.6% des cas concernent des clubs romands.
Un juge plus sévère qu’un PSO ne correspond pas à la logique du système. En effet, le rôle du PSO (Player Safety Officer) est comparable à un procureur (accusateur) dans la justice civile. Il est sensé défendre les intérêts des victimes (joueurs) ayant subis des charges dangereuses. Il est difficile d’estimer l’intention réelle de l’agresseur. De son côté, le juge doit accorder la présomption d’innocence à l’agresseur, ce que le juge et le tribunal n’ont pas fait dans le cas Wingels. Le juge doit également tenir compte de la responsabilité éventuelle de la victime pour avoir reçu une charge non-réglementaire.
La ligue doit impérativement réduire ces inconstances dans les décisions du juge unique. En effet, durant le championnat régulier, les conséquences restent minimes sur les résultats des équipes. Toutefois, durant les playoffs, elles prennent une place bien plus importante.