
En pleine période de crise de CoronaVirus, la ligue suisse se met à réfléchir à son avenir. Il est important de garder en tête que le danger économique que risquent d’affronter les clubs ces prochains mois est principalement dû à une gestion financière à court terme. Jusqu’à présent les clubs n’ont pas constitué de fonds de réserve, surpaient des joueurs suisses en raison d’une réglementation illégale et n’ont pas conclue d’assurance afin de se protéger des risques liés à une épidémie.
Qu’est-ce que le système du plafond salarial ?
En quelques mots, il s’agit de mettre en place un budget minimal et maximal des dépenses salariales des clubs. Dans le cas, où un club choisit de dépenser au-delà de cette limite, il est astreint à verser un montant à la ligue. L’affectation de ces indemnités peut varier entre le soutien aux équipes n’ayant pas la capacité d’atteindre le budget minimal, la constitution de réserves ou l’aide à la formation, etc.
Un plafond salarial, est-ce juridiquement possible ?
Cet argument a été longtemps l’excuse des clubs. La SIHF a actuellement un règlement qui ne respecte pas la loi Suisse. Dès le moment où la ligue et tous les clubs se sont mis d’accord avec un fonctionnement, je n’ai pas de doutes que les juristes puissent trouver des solutions afin que cela puisse être mis en place. Une fois acceptée par la majorité, un club ne pourra plus se tourner vers la justice civile car il risquerait de se voir immédiatement exclu du championnat.
La position de la ligue et des clubs
L’article du SonntagsZeitung de ce jour nous informe que Vaucher (CEO de la SIHF) est un partisan de ce plafond salarial. Il est appuyé par Gaudenz Dominig (HCD) et par Marc Lüthi (SCB). Le SCB est le club le plus touché par la crise du CoronaVirus en raison de son importante activité dans la restauration. Le SCB a une position puissante auprès de la ligue grâce à la présence de Rindlisbacher (président) et Streit dans le Conseil d’Administration.
De son côté, Peter Zahner (ZSC) ne croit pas à un modèle qui limite les clubs dans leur gestion. Il fait appel à la responsabilité de chaque club pour leur gestion financière.
La SIHF doit gérer deux positions fondamentalement opposées au sein des clubs puissants. Il faut se rappeler que le ZSC vit sur un modèle de mécénat avec un donateur généreux alors que Bern se reposent sur une grande capacité avec sa patinoire et des activités économiques pour financer les dépenses du club.
Le Journal du Jura, nous apprend que Daniel Villard fait partie d’un groupe de travail sur l’avenir de ligue. Je regrette de ne pas connaître les membres de ce groupe de travail, ni de la position des différents clubs romands sur le sujet du plafond salarial.
En Suisse, nous savons trouver un compromis en prenant en compte l’avis de tous. Une solution passera par l’intégration des avis de tous les clubs dans cette réflexion.
Un remède ?
Alors que toute l’attention est actuellement portée sur le plafond salarial, j’estime qu’il n’est pas la solution pour remédier aux problèmes principaux de la ligue et des clubs actuellement. Aujourd’hui, les points suivants me semblent prioritaires :
- Une ligue indépendante : les clubs puissants et particulièrement le SCB ont trop de pouvoir au sein de la SIHF. Une représentation géographique et des grands et petits clubs est primordial afin d’obtenir l’indépendance nécessaire à une association chargée d’organiser un championnat équitable
- Licence étrangère. : le hockey suisse enfreint la loi suisse. Il doit impérativement supprimer cette limitation illégale. Cela permettra de modifier le marché des joueurs en diminuant le coût des salaires des joueurs et d’améliorer la qualité de l’équipe Suisse (voir mon article).
- Création de fond de réserve : la SIHF encaisse les droits TV du championnat suisse. Avant de redistribuer les montants aux différents clubs, elle peut constituer un fond de réserve tel qu’exigé par la Confédération.
- Transparence : l’absence de transparence permet aux dirigeants de faire des dépenses inconsidérées pour masquer une gestion sportive déficiente. Une transparence des comptes financiers et des salaires des joueurs permettra au public de juger la compétence des directions sportives et administratives.
A mon humble avis, ces quatre points auront un impact sur les difficultés actuelles du hockey suisse. Je trouve regrettable de gâcher de l’énergie sur un modèle qui ne résoudra pas les problèmes majeurs de la ligue et qui reste une exception culturelle en Europe.