Augmentation des licences étrangères, quelles conséquences ?

Selon la presse, il semble aujourd’hui acquis que pour la saison 2022/2023, les clubs de NL devront mettre sur la feuille de match au minimum 10 joueurs détenteurs d’un passeport Suisse. Pour ma part, je reste prudent sur cette affirmation, car beaucoup de choses peuvent se passer d’ici la mise en application de ce nouvel « gentlemen agreement » entre les 12 clubs de NL.

Dans l’esprit de beaucoup, cette augmentation de joueurs étrangers dans le championnat va engendrer une diminution des budgets des clubs de NL. C’est de loin pas évident. Logiquement les budgets des clubs ne dépendent pas des licences mais des revenus que les clubs peuvent obtenir auprès des spectateurs, des sponsors et des TV. La direction du club définit ensuite le montant mis à disposition pour construire son contingent, couvrir les autres dépenses et éventuellement constituer des réserves. Comme souvent expliqué, c’est les dirigeants des clubs qui décident du niveau de salaires octroyés aux joueurs (et non l’inverse !).

Prenons un exemple volontairement simplifié pour comprendre les effets financiers sur les comptes d’un club. Imaginons que le directeur sportif d’un club a à disposition un montant de 3.8 millions de francs pour 6 joueurs. Aujourd’hui, il peut aligner 4 étrangers pour 22 joueurs, soit un rapport de 1/5.5. Vu le faible nombre de joueurs suisses dominants et de qualité, ces 3.8 millions se répartit aujourd’hui comme suit :

  • Attaquant étranger :                          CHF 600’000
  • Attaquant suisse dominant :             CHF 800’000
  • Attaquant suisse de qualité :             CHF 500’000
  • Défenseur suisse dominant :            CHF 700’000
  • Défenseur suisse de qualité :            CHF 400’000
  • Gardien suisse dominant :                CHF 800’000
  • Total des dépenses :                         CHF 3’800’000

On peut constater que le règlement actuel favorise économiquent les joueurs détenant une licence suisse, non seulement dans le marché de l’emploi pour obtenir un contrat mais également au niveau financier avec des salaires plus élevés versées à des attaquants suisses dominants qu’aux attaquants étrangers.

Avec un changement de rapport entre joueurs suisses et joueurs étrangers à 50/50, la concurrence entre joueurs étrangers et suisses va être profondément modifiée. On peut imaginer une nouvelle répartition comme suit :

  • Attaquant étranger dominant :          CHF 800’000
  • Attaquant étranger :                           CHF 600’000
  • Attaquant suisse :                              CHF 600’000
  • Défenseur étranger :                          CHF 700’000
  • Défenseur suisse :                             CHF 500’000
  • Gardien suisse :                                CHF 500’000
  • Total des dépenses :                         CHF 3’800’000

On peut constater que les joueurs à passeports suisses vont fortement diminuer et leurs salaires seront revus à la baisse pour engager des joueurs dominants étrangers.

Tant que les revenus des clubs restent stables, les clubs pourront continuer à dépenser le même montant pour le salaire des joueurs. Il est donc erroné d’imaginer qu’une modification des licences va automatiquement engendrée une diminution des budgets pour les salaires de joueurs. D’autres solutions pour limiter ces dépenses existent telles que la transparence des budgets et des salaires, la mise en place d’un plafond salarial ainsi qu’une obligation aux clubs de constituer des réserves.

En outre, je ne peux m’empêcher de mentionner que cette proposition de changement de règlement va engendrer une discrimination à l’embauche envers les joueurs étrangers détenteurs de permis de travail en Suisse et des ressortissants de la Communauté Européenne qui est illégale au sens du droit suisse. Si des joueurs tels que Berthon, Kenins, Smirnovs ou Douay ont obtenu un permis B ou C, cette règlementation les limitent fortement dans la recherche d’un emploi ce qui est illégal. A leur place, afin de défendre leur droit au mieux, je leur conseille fortement de se réunir et d’engager un avocat spécialisé dans le droit du travail suisse.

Enfin, je tiens à conclure que pour ma part, je suis favorable à cette modification en tant que spectateur assidu de hockey. J’estime que l’augmentation de joueurs étrangers va diminuer l’énorme écart entre les clubs riches et pauvres en terme de qualité des équipes. En effet, l’écart entre un joueur suisse dominant et normal est gigantesque alors que cet écart sera bien moindre avec l’ouverture du marché des joueurs étrangers.

Cela me fait regretter amèrement le départ de McSorley du GSHC. Avec sa connaissance du marché du hockey international, il peut jouer un rôle prépondérant dans la reconstruction d’un contingent.

A mon avis, cela aura également comme impact que les joueurs suisses dominants devront travailler plus dur pour obtenir les meilleures places sur la glace et ils seront entourés par de meilleurs joueurs, ce qui engendra une amélioration pour l’équipe Suisse. Bref, un spectacle amélioré et un championnat plus indécis sont des gros avantages pour les spectateurs, les sponsors et les TV au détriment des joueurs suisses ou avec une licence suisse.

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