
La réponse de Raphaël Berger suite à la lettre ouverte Stéphane Rochette est courageuse et nous permet d’apprendre à quel point Berger estime qu’il est important d’accompagner au mieux les jeunes joueurs. D’avoir la chance de pouvoir faire réaliser le rêve de certains jeunes est certainement merveilleux mais ce n’est pas une tâche facile (particulièrement avec la pression du public et des sponsors d’obtenir les meilleurs résultats sportifs).
Toutefois, je n’arrive pas à comprendre l’énergie déployée par les clubs suisses afin de protéger et privilégier les joueurs détenteurs d’un passeport Suisse. Autant je peux le concevoir (même si je doute de l’efficacité) pour une Fédération qui place son équipe Nationale au centre de ces priorités, autant, à mes yeux, elle n’a aucune de raison d’être dans une activité entrepreneuriale privée.
Je cite Raphaël Berger : « Le nombre de joueurs étrangers a régulièrement varié mais il y avait de tout temps en Suisse des joueurs étrangers considérés comme des Suisses. La réforme doit aussi remédier à cette problématique car finalement, ces joueurs au statut particulier ont aussi dans un sens privé de jeunes Suisses d’une place dans l’élite ». La particularité de ces joueurs étrangers est la nationalité. J’avoue que mon rétroviseur est trop petit pour savoir depuis quand le droit du travail a accordé un statut équivalent à un travailleur suisse et un travailleur étranger résidant en Suisse, mais j’imagine au minimum depuis les années 1950. Dans le cadre des réflexions sur le nombre d’étrangers futur, les clubs ne font pas de distinction entre un étranger résident en Suisse et un étranger résident à l’étranger. Pour la loi Suisse, la différence est grande et comme l’a rappelé il y a peu le Conseiller Fédéral Berset, la Suisse ne doit pas faire de discrimination à l’embauche entre les suisses et les étrangers résidents en Suisse. Beaucoup de communes suisses ont accordé le droit de vote à ces résidents étrangers alors que les clubs suisses décident pour une raison totalement obscure à mes yeux de mettre en place un système discriminatoire envers cette partie importante et essentielle de la population résident en Suisse.
Rahaël Berger indique qu’une proportion de 15% d’étrangers dans les juniors élites n’est pas « normale ». A la fin 2019, selon l’office fédéral de la statistique, la population étrangère résidente en Suisse est de 25%. Cette statistique démontre, sans surprise, que le hockey suisse n’arrive pas à attirer une proportion équivalente d’étrangers.
Après avoir jeté un oeil dans mon rétroviseur et jeté un regard autour de moi pour constater qu’il est illégal et choquant de mettre en place un règlement qui instaure une telle discrimination, il m’est nécessaire que de parler d’immigration. Cette distinction entre étrangers résidents en Suisse (soumis à la loi sur le travail) et étrangers résidents à l’étranger (soumis à la loi sur l’immigration) est importante. La fédération (SIHF) faisait cette distinction avec le système actuel des licences suisses accordées aux joueurs étrangers.
En 1999, la Suisse a signé un accord bilatéral avec l’Union Européenne sur la libre circulation des personnes. A ma connaissance, le hockey Suisse est le dernier sport professionnel en Europe à ne pas accorder ce droit aux joueurs de hockey résident dans l’Union Européenne.
En tant que supporter du GSHC, je ne fais aucune distinction sur la nationalité des joueurs portant le maillot du Genève-Servette. La motivation de suivre cette équipe et ce championnat se trouve dans le plaisir d’être un spectateur d’un sport d’équipe spectaculaire et de qualité internationale. Naturellement, j’ai une affinité différente pour un joueur issu du mouvement junior genevois plutôt qu’un joueur débarquant de NHL après avoir remporté une coupe Stanley. Toutefois, la « particularité » de la nationalité n’a aucune place dans mon rapport avec le Genève-Servette SA et la Nationale League AG.